SEVRAGE PRÉCOCE : LA RIGUEUR EST DE MISE
L'opportunité de mettre en oeuvre un programme de sevrage précoce est directement liée à la maîtrise des conditions sanitaires d'élevage. Dans le cas contraire, les retards de croissance pourraient être irréversibles.
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ALORS QUE L'OPTIMUM ADMIS SE SITUE ENTRE HUIT ET NEUF SEMAINES, Sanders propose un programme de sevrage précoce à six semaines. Baptisé Éclair, il est préconisé par le fournisseur d'aliments, vise à diminuer le temps de travail et le coût d'élevage des génisses, tout en garantissant les performances de croissance requises pour de futures vaches laitières.
Concrètement, les animaux sont sevrés le plus tôt possible, dès quarante-deux jours, grâce à l'utilisation couplée d'une poudre de lait appelée CrémoEclair, dont la consommation prévue est de 25 kg par génisse, et d'un aliment concentré, le FloriEclair, distribué à volonté dès les premiers jours de vie de l'animal et jusqu'à six mois, avec de la paille de qualité et de l'eau.
« Nous préconisons la paille qui a une meilleure qualité mécanique pour préparer le rumen et des valeurs alimentaires plus régulières que le foin », souligne Pascal Cousin, responsable technique des ruminants chez le fabricant Sanders.
Par rapport à un sevrage classique, le programme Éclair représente une réduction de plus de vingt jours de la phase lactée, soit une économie de 15 à 25 kg d'aliment d'allaitement ou de 450 l de lait entier.
LA DIGESTIBILITÉ DE L'ALIMENT RENFORCÉE
Parallèlement, la consommation du concentré augmente entre 50 et 70 kg, pour garantir un GMQ de 1 000 g/jour et atteindre ainsi l'objectif de 200 kg à six mois. « Résultat, le programme Éclair est moins coûteux. L'écart avec un programme classique à base de lait entier est de 50 €/génisse », souligne Pascal Cousin. De 0 à 90 jours, le coût du programme Sanders est calculé de la façon suivante : 25 kg de CrémoEclair à 2 €/kg + 120 kg de FloriEclair à 2 €/kg = 91 €. Comparativement, celui d'un programme classique est de : 450 l de lait à 0,275 €/l + 50 kg de concentré à 0,35 €/kg = 141 €.
Le sevrage est prévu vers quarante- deux jours, mais c'est néanmoins le poids du veau qui doit guider la décision. Or, selon une étude menée par Sanders, 86 % des éleveurs contrôlent encore la croissance des veaux à l'oeil. Dans ce domaine, seule la pesée ou la mesure du tour de poitrine à l'aide d'un ruban permettent d'objectiver les résultats. « Lorsque le veau pèse 70 kg, s'il consomme le concentré à raison de 1,5 kg minimum, il est possible d'arrêter la phase lactée », explique Pascal Cousin. Ce niveau de consommation de concentré au moment du sevrage peut apparaître faible, au regard des recommandations couramment admises (2 kg pour compenser 8 l de lait) : il résulte d'expérimentations menées par Sanders en conditions d'élevage contrôlées sur des veaux prim'holsteins.
« La réussite repose sur l'association des deux aliments et sur la mise à disposition du concentré starter dès les premiers jours de vie ». CrémoEclair est un aliment d'allaitement conçu pour favoriser la consommation du concentré FloriEclair. Sa formulation repose sur l'utilisation de produits laitiers avec une forte teneur en protéine. Elle intègre un cocktail de vitamines, d'oligo-éléments et d'extraits végétaux. Quant au concentré FloriEclair (0,90 UFL, 16 % de protéine), composé d'une quinzaine de matières premières, il a été mis au point pour une digestibilité renforcée. « Contrairement à des aliments composés essentiellement de céréales, sa formulation permet d'optimiser la valorisation de la matière sèche ingérée au bénéfice de la croissance du veau. » Le résultat dépend du respect du programme de distribution de l'aliment d'allaitement (cf. tableau).
« Si les quantités sont respectées et les conditions sanitaires propices à l'expression du potentiel des animaux, la croissance et le poids seront conformes à ceux obtenus en station. »
SYSTÉMATISER LA PESÉE AVANT LE SEVRAGE
La conduite des génisses est un levier d'optimisation économique. Si, dans ce domaine, il est possible de simplifier les pratiques, quels que soient la race ou l'âge au vêlage, il faut cependant viser 30 % du poids vif adulte comme objectif de poids à six mois, soit 200 à 210 kg ! « Tout retard pris lors de la phase d'allaitement aura des conséquences irréversibles sur la capacité de la génisse à supporter sa première lactation et donc sur sa longévité, prévient Philippe Brunschwig, responsable du service conduite des troupeaux laitiers à l'Institut de l'élevage. Pour atteindre cet objectif, il faut maintenir, de zéro à six mois, un GMQ de 850 à 900 g/j. Au regard des références dont nous disposons, avec une buvée de 4l/j concentrée à 180 g/l de poudre de lait, la consommation de concentrés, pour des génisses femelles holsteins âgées de six semaines, n'excède pas 1,3 kg brut/j. Ce n'est qu'une moyenne, mais il y a un risque que certains animaux accumulent à cet âge des retards de croissance irréversibles. Seul un suivi rigoureux de la croissance, des conditions optimales de logement et la maîtrise des risques sanitaires permettent de généraliser des pratiques de sevrage inférieur à huit semaines. »
JÉRÔME PEZON
Au moment du sevrage, le veau doit pouvoir fonctionner uniquement sur son rumen.
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